Quelle Société Marocaine de Cardiologie souhaitons-nous avoir ?
Regroupant l’ensemble des cardiologues marocains, la Société marocaine de cardiologie (SMC) existe depuis 1974, date où elle a été créée par le Pr Mohamed Benomar. Elle a été réactivée après une courte extinction par le Pr Arharbi en 1995. Depuis, la SMC a acquis avec le temps une maturité grâce aux différents bureaux où des réalisations importantes ont été atteintes : Congrès national annuel, journées des filiales et représentation de notre pays dans des manifestations maghrébine, régionale et internationale. En 2003, Pr Bennis et moi-même, avons été derrière la mise en place de la revue marocaine de cardiologie. C’est vrai avec des publications timides sans régularité de parution ! C’est une des priorités du bureau actuel de lui donner sa vitesse de croisière. nous travaillerons pour améliorer la qualité et la régularité de la parution de notre revue qui est l’organe d’expression de la SMC. Notre objectif de 4 numéros par an a été atteint en 2021 grâce aux jeunes cardiologues et au Pr Aicha Aouad. La rédactrice en chef récemment désignée (Pr Raissuni Zainab) fera de sa mission une priorité, j’en suis convaincu.
A côté de la revue, les registres sont également très importants. Le premier registre marocain fait en 2007 est ACCESS sur l’infarctus du myocarde publié en anglais et en Français (réalisé grâce à l’aide d’une firme pharmaceutique). Ce registre et les cours de rythmologie mis en place à cette époque, sont les seuls ardents souvenirs qui ont marqué mon mandat de président de la SMC de 2005 à 2007. Le reste était de la routine, essentiellement des tables rondes avec présentations ou modérations rémunérées ou pas.
Ensuite, au cours du mandat du Pr Ztot un deuxième registre sur la maladie coronaire financé par les deniers de la SMC a été réalisé. Malheureusement il n’a pas été publié ou mis en ligne sur le site de la SMC et il faut rattraper ça très vite. Le Pr Bennis en 2021 a coordonné la partie marocaine d’un registre européen sur l’insuffisance cardiaque. La SMC est en cours de réalisation de son propre registre sur l’insuffisance cardiaque sous l’impulsion du Pr Abir qui attend l’aide de tous pour avancer dans ce registre.
Il est évident que notre société doit amorcée rapidement une mutation car les jeunes cardiologues nous tiendront responsables d’avoir freiné l’élan extraordinaire que mérite la cardiologie marocaine.
En urgence, la langue anglaise doit être adoptée comme langue scientifique, j’amorcerai cette mutation qui ne peut être effective que grâce à votre engagement à mes côtés. Jeunes et moins jeunes doivent se mettre à l’anglais. L’essentiel c’est de communiquer. Vos enfants ne vous pardonneront pas ce retard scientifique. En effet, tout se passe en anglais, les meilleurs travaux sont publiés dans cette langue et même, les meilleurs publications arabes, africaines et françaises sont également en anglais. Ainsi, dans notre congrès national, les communications des jeunes cardiologues ou en formation seront en anglais, une partie des programmes des filiales sera en anglais. La SMC accordera une attention particulière à cette étape car cela nous permettra de s’ouvrir sur les pays anglo-saxons tout en entretenant nos relations privilégiées avec la France. Nos jeunes cardiologues trouveront ainsi un maximum de possibilités d’épanouissement professionnel et plus d’opportunités de stages de perfectionnement. De plus en publiant en anglais, on défendra dans le monde entier le label « Cardiologie Marocaine ». Pour amorcer ce changement, la SMC a changé son logo en ajoutant une étoile verte foncièrement marocaine au centre « du cœur » et en introduisant l’anglais autour du logo.
Parallèlement, le Bureau de la société marocaine est en train d’adopter deux grands changements :
Le premier d’ordre organisationnel : notre société a un siège fixe, en location à la capitale politique , il est en quête d’une secrétaire et d’une assistante de recherche clinique. En effet les réunions du Bureau de la SMC et celles avec ses partenaires doivent se faire dans « son siège ». de même que l’histoire de la SMC, ses travaux (registres en particulier) et ses archives doivent être conservés dans un lieu digne qu’on fera visiter à des collègues nationaux ou étrangers avec fierté. Le bureau est en cours d’étudier la possibilité d’achat d’un local et nous vous tiendrons informé de l’évolution de cette action. Cette organisation coutera de l’argent mais permettra de mieux gérer le deuxième changement amorcé qui est une mutation scientifique : raison d’être de la SMC. Celui-ci, à mon sens, s’articule autour de 5 axes :
Premièrement, la formation médicale continue. Elle est nécessaire et déjà sur place mais doit être revisitée et préparée à l’avance avec les autres associations cardiologiques marocaines. Ceci permettra d’éviter autant que possible, les redondances dans les programmes scientifiques. Des concertations avant la publication des programmes scientifiques et des webinaires sont utiles et garantes d’une réussite des événements de formation médicale continue.
En deuxième lieu, viendra La formation pratique des jeunes cardiologues en concert avec les facultés de médecine et la filiale des jeunes cardiologues de la SMC. Les chefs de services universitaires de cardiologie, publiques ou privés, font partie du comité scientifique de la SMC et auront un grand rôle à jouer dans cette formation . Par exemple, « l’image » est devenue incontournable dans la pratique cardiologique, nous devons avoir une formation transversale de nos imageurs : échographie, scanner et IRM. Cette approche est indispensable pour la formation de cardiologues modernes. La SMC est prête en collaboration avec « l’université » de participer à ces formations combien indispensables et urgentes. En effet, le temps de formation universitaire ne permet pas toujours d’approfondir ces formations. La SMC a le devoir de prendre le relai pour compléter et consolider les acquis du cursus de la formation obligatoire. La rythmologie est également peu enseignée et nous remettrons en place les cours de perfectionnement dans cette discipline. D’autres aspects comme la réanimation cardiorespiratoire, la prévention cardiovasculaire seront abordés selon un mode pratique dans les journées des filiales.
Le troisième axe est la mise en place de registres. Ils dépendront de l’enthousiasme des cardiologues. Sans votre aide on n’avancera pas. Pourtant, c’est indispensable de savoir comment travaillons-nous ? et ensuite de corriger nos écarts mais aussi nos insuffisances dans la gestion de nos patients ? Ces registres permettront d’approcher la meilleure manière d’optimiser les dépenses de santé dans une politique médicale beaucoup plus globale. La SMC fait appel à vous, en public et en privé, pour avancer vite sur des registres urgents comme l’insuffisance cardiaque, la fibrillation atriale, la coronaropathie, les valvulopathies, le TAVI et les facteurs de risque cardiovasculaires… Les présidents des filiales de la SMC auront au moins un registre à gérer dans ce mandant et j’espère que « fin 2023 », nous cueillerons les fruits de notre commun labeur par la publication et la mise en ligne sur le site de la SMC des résultats de notre pratique réelle. Sans ces registres, la cardiologie marocaine restera tout simplement observatrice dans un monde qui bouge très vite et nous verrons s’éloigner la réalité de notre pratique cardiologique quotidienne.
A côté des registres seront publiées des recommandations de bonne pratique pour justifier nos décisions dans différentes situations de notre spécialité. Là aussi, on doit travailler en commun avec des ponts entre les différentes sous spécialités de la cardiologie afin de mettre à la disposition des cardiologues mais également au profit du ministère de la santé des bases scientifiques réelles et responsables de la prise en charge des patients.
Le 4ème axe est l’intelligence artificielle, la SMC de cardiologie vient de créer une filiale pour accompagner cette grande mutation médicale. La rythmologie et l’insuffisance cardiaque sont pionniers dans ce domaine et nous essayerons de coordonner l’action de ces trois filiales pour mettre en place les soubassements nécessaires pour fonder les bases de l’intelligence artificielle au sein de la cardiologie marocaine.
Le dernier axe est celui de « l’âme cardiologique », une filiale « arts et cœur » a vu également le jour pour aiguiser les pinceaux de nos peintres et les objectifs de nos photographes. Les mots de nos poètes et écrivains permettront certainement des évasions d’esprit, combien utiles dans notre métier de médecin afin de déteindre la gaieté et la paix sur nos âmes.
Tels sont les principaux objectifs que nous avons tracés pour ces deux années. Ma 1ère chance est d’avoir à mes côtés, un bureau dynamique, déterminé et engagé, ma seconde est d’avoir comme Past président le Pr Aicha Aouad et comme président élu le Pr Mohamed Alami. Cet ensemble me fournit l’énergie nécessaire pour avancer vite et bien, notre seul but est de laisser des traces positives quand nous quitterons dans deux ans.